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24 juillet 2012 2 24 /07 /juillet /2012 11:07

La Bactriane est décrite par des auteurs antiques comme le pays « aux mille villes », ce qui n’est qu’une hyperbole pour signifier qu’elle est très peuplée et très urbanisée, mais très peu de ces villes sont connues aujourd’hui.

Durant un siècle et demi, Bactres constitue le cœur de la domination grecque dans la région mais les fouilles pour mieux la connaître, pour des raisons variées, commencent à peine. Durant cette période, la ville s’est agrandie par rapport à l’époque achéménide, son rôle de capitale étant sans doute important dans cette évolution.

Mais cet essor urbain est bien plus important que ce que l’on peut voir sur une seule ville car une nouvelle capitale est fondée à Aï Khanoum, de grandes villes apparaissent telle celle que l’on a retrouvées à Qala-e Zal et d'autres plus petites telle que Dil'berjine Tepe (a proximité de Bactres). Des colonies militaires sont également fondées pour contrôler les points de passage sur l’Oxus à Termez et Kampyr. On connait par deux parchemins retrouvés le nom de deux villes non situées, Amphipolis et Asangôrna.

On peut pour commencer citer le cas de Dilbergine Tepe, à 40 km au Nord Ouest de Bactres, qui était déjà occupée au Ve siècle av J.-C à l’époque achéménide. Ce site est un des nombreux sites de la région de Bactres dont il contrôle un des accès, de plus il se situe à proximité d’un immense mur de plus de 200 km de long protégeant l’oasis de Bactres des incursions des nomades mais surtout des sables. La ville dans son état actuel semble avoir été fondée par Eucratide mais elle fut fortement remaniée à l’époque kouchane. L’agglomération urbaine comprenait deux zones distinctes : l’enceinte fortifiée, de forme carrée de près de 400 mètres de côté et renforcée par des tours rectangulaires, couvrant une quinzaine d’hectare, contenant une citadelle ronde et les faubourgs. Les principaux sanctuaires se retrouvaient dans la partie fortifiée, en particulier un temple dédié aux Dioscures, dieux protecteurs d’Eucratide. La ville contenait également des palais et d’autres monuments publics. Le faubourg extérieur regroupait des habitations privées et des ateliers artisanaux.

 

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23 juillet 2012 1 23 /07 /juillet /2012 11:05

A travers l’exemple d’Aï Khanoum, on peut apercevoir ce qui semble avoir été la règle durant la période hellénistique. En effet les travaux sur les autres régions, moins avancés ont la même tendance à une exploitation plus importante des ressources en eau à des fins agricoles. On peut par exemple citer le cas de l’oasis de Bactres où il semble que l’irrigation soit encore plus développée qu’elle ne l’était auparavant, les prises d’eau se faisant plus en amont par rapport à la période achéménide. De même plusieurs rivières de Bactriane semblent avoir été mises en culture durant cette période.

Pour expliquer l’augmentation rapide de la population dans cette région de la Bactriane on ne peut que penser à l'installation volontaire ou forcée de gens venus d'ailleurs en grand nombre, pour fournir les travailleurs requis sur les chantiers ou pour subvenir à leur nourriture. Il s’agit probablement en partie de la sédentarisation des peuples nomades locaux attirés vers les centres de développement agricole les plus riches, mais on peut également y voir l’immigration importante de peuples grecs ou hellénisés comme on peut l’apercevoir à travers une découverte faite sur le site d’Aï Khanoum.

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22 juillet 2012 7 22 /07 /juillet /2012 11:04

Un ces cas les plus documenté est celui de la plaine d’Aï Khanoum qui se couvre de nombreux sites d’habitation, inexistants sous les Achéménides, ce qui doit être en rapport avec l’aménagement de grands canaux destinés à l’irrigation. Les deux principaux mesurent chacun plus de 30 km entre la Kokcha et l'Oxus, et donnaient naissance à de très nombreuses dérivations s'éloignant parfois de plus d'un kilomètre du canal principal. De telles réalisations demandaient d’immenses travaux de terrassement, et donc une main d’œuvre très nombreuse, qu’il a fallu entretenir pendant la durée des travaux. Ceux-ci étaient d’autant plus difficiles qu’il fallait faire remonter l’eau puisée dans la rivière Kokcha de 20 mètres pour l’amener sur le plateau. Ces travaux firent appel à un savoir faire local, si l’on en croit les techniques utilisées mais aussi au grec, si l’on regarde l’implantation de ces réseaux répondant parfaitement à la topographie, ce qui fit certainement appel à la géométrie que les Grecs avaient largement développée. Or ce n'est pas au début de l’époque hellénistique que les conditions requises pour une telle entreprise étaient réunies, la population étant trop faible et le pouvoir mal établi. Les traces archéologiques mettent d’ailleurs en évidence le fait que cet habitat ne se développa pas lors de la fondation d’Aï Khanoum mais plus tard, vers la seconde moitié du IIIe siècle av J.-C. Ce n’est que sous Diodote que la plaine d'Aï Khanoum aurait atteint sa pleine prospérité, grâce à un réseau d'irrigation construit sur son initiative ou sur celle de ses prédécesseurs immédiats, possédant des moyens financiers supérieurs à ceux de la simple Bactriane indépendante.

La région sous Diodote est donc beaucoup plus densément peuplée qu’à l’époque achéménide. L’occupation humaine est cependant inégale dans la plaine. Le long des rivières Oxus et Kokcha, on constate l’existence d’une forte densité d'habitations souvent proches les unes des autres, probablement des villas de propriétaires terriens, des bâtiments agricoles, etc. La « ville ronde » d'époque achéménide semble à cette époque à peu près abandonnée ; en revanche, les sites hellénistiques sont nombreux dans sa périphérie. La seconde zone s’étend  à proximité des deux grands canaux, dans la partie orientale de la plaine. Elle est caractérisée par un habitat rural dispersé, où l’on ne retrouve pas véritable village mais des bâtiments plus ou moins groupés. Leur répartition est sans doute en rapport avec le tracé des canaux secondaires et de leurs dérivations.

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21 juillet 2012 6 21 /07 /juillet /2012 11:03

La vie du royaume est encore très floue en l’état actuel de la documentation. Je vais présenter quelques aspects de ce problème en reprenant les hypothèses de Widemann, qui me paraissent être celles qui expliquent le mieux ce qui a pu se passer à cette époque par leur volonté de coller le plus possible à toutes les sources qu’il existe pour cette période, c'est-à-dire à la numismatique mais aussi aux textes chinois. Cependant les découvertes sont de plus en plus nombreuses dans la région et rien n’indique que cette reconstruction historique soit totalement exacte.

Un royaume grec se maintient donc un siècle avant notre ère sur l’  Arachosie, ou une partie de celle-ci, les Paropamisades et une partie du Gandhara. On connait du temps de Mauès, un Théophile dont la qualité des monnaies suggère qu’il contrôlait Kapisi, dernier atelier monétaire grec de la région à entretenir des artistes capables de maintenir une grande qualité dans les monnaies. Il a pu être le successeur de Lysias dans les territoires déjà cités. Dans le même temps Démétrios III a régné sur le Gandhara occidental et les Paropamisades alors qu’on connait aussi un certain Nicias, qui régnait sans doute dans la même région, en étant peut-être un vassal de Mauès, le roi saka de Taxila.

Un Hermaios II a régné dans les Paropamisades et en Arachosie, sans doute dès avant 80, perdant probablement Alexandrie d’Arachosie/Kandahar vers 78-77 av n.è mais gardant l’Arachosie septentrionale avec Démétrias et la Kapisène. Son règne dure peut-être jusqu’après 70.

Il semble que la liste de ses successeurs avant 40 environ, comprend les noms d’Apollodote III, puis d’Eucratide III et d’Hélioclès III avant l’arrivée au pouvoir d’un Hermaios III qui régna sans doute entre 40 et 20 avant qu’un Hermaios IV prenne la suite jusque vers 20 de notre ère. Ce royaume utilise des monnaies parthes des rois Orodès II et Phraatès IV (qui règnent entre 57 et 2 av n.è) en les contre marquant[1], cela montre certainement un grand manque d’argent pour ce royaume qui possédait pourtant les mines du Panjshir.

Le territoire de ces souverains s’est certainement réduit peu à peu à la région de plus grande implantation Grecs. Hermaios IV serait le dernier souverain grec indépendant de la région, ne contrôlant plus que la ville de Kapisi et ses environs immédiats. Après en avoir été chassé par les Indo-parthes on connait un Hermaios, associé à Kozoulo Kadphisès, le souverain kouchan, ce qui laisse penser que le dernier roi de Kapisi, ou un autre grec du même nom s’est réfugié en Bactriane avec certains partisans auprès des Yuezhis philhellènes.



[1] C'est-à-dire en y apposant une marque supllémentaire, autotisant ainsi leur circulation dans le royaume.

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20 juillet 2012 5 20 /07 /juillet /2012 11:02

Après la perte de la Bactriane, de nombreux royaumes indo-grecs s’opposent les uns aux autres et la chronologie de l’existence de ces Etats est très mal connue, tout comme leurs limites territoriales. Les Paropamisades, l’Arachosie, le Gandhara et la Drangiane restaient sous contrôle grec. L’arrivée de nombreux grecs dans ces régions semble avoir réveillé des tensions entre grecs et peuples locaux, en particulier indiens.

Zoïlos I semble reculer face à Ménandre, qui semble avoir reconstruit son armée, peut-être grâce à ses nombreux alliés indiens (il est considéré comme un protecteur du Bouddhisme par un de leurs livres). Zoïlos I ne semble plus contrôler que l’Arachosie et les Paropamisades et une partie du Gandhara (c'est-à-dire tous les territoires aujourd’hui afghans), la Drangiane passant probablement sous le contrôle des Sakas plus ou moins à cette époque. Mais Ménandre meurt au combat vers 140 ou 135.

Diomède (famille d’Eucratide), associé à Zoïlos I, a du régner de -136 à -128. Son successeur Philoxène (famille de d’Antimaque), semble régner sur une partie des territoires de Zoïlos I, en association avec Lysias, le successeur de Zoilos I, il contrôle les Paropamisades et une partie du Gandhara.

La suite est plus confuse encore, on connait les monnaies de nombreux rois sans être certains de leur succession. Philoxène a sans doute été suivi par Antialcidas, mais il semble qu’Hermaios ait régné sur les mêmes territoires entre les deux (environ de -120 à -110). Diomède, Philoxène puis Antialcidas contrôlaient Kapisi et Philoxène semble être le seul à ne pas avoir combattu Straton, fils de Ménandre et ses monnaies peuvent faire penser qu’il était lié à cette famille par un mariage. Zoïlos I puis Lysias avaient probablement Alexandrie d’Arachosie.

Les territoires afghans des gréco-indiens semblent donc à l’abri de la guerre civile qui fait rage, sans doute pour le contrôle de l’ensemble des territoires indiens sous l’autorité des Grecs et en particulier pour Taxila car leurs rois étaient associés.

Le successeur de Zoïlos I, Lysias I, arrivé au pouvoir vers -120, a ensuite conquis le Gandhara sur Straton, qui avait repris Taxila à l’aide d’Amyntas, qui semble avoir définitivement vaincu le parti d’Hélioclès II (qui a régné sur Taxila entre -128 et -110) mais dont l’origine est encore inconnue. Il semble avoir mené une campagne contre les Sakas qui envahissaient les territoires de la basse vallée de l’Indus, menaçant le commerce qui se développait avec les romains par la côte. Lysias I était associé a Antialcidas, représentant des gréco-bactrien qui eu du mal à imposer sa préséance sur Lysias, représentant des gréco-indiens. L’association Lysias/Antialcidas réunifie pour la dernière fois les domaines gréco-indiens après au moins 20 ans de guerres depuis la mort d’Eucratide. Mais les deux souverains s’entendent mal et Antialcidas, qui refusait l’ouverture de Lysias envers les religions indiennes, finit par évincer son roi coopté.

Archébios succède à Antialcidas au tournant du siècle. La ville de Peucolaotis passe alors sous le contrôle de plusieurs rois grecs différents avant d’entrer dans les possessions d’Archébios mais il semble ne pas avoir le contrôle des Paropamisades. Sa victoire finale au Gandhara est même peut-être due au recours à des troupes sakas, peut-être en partie arrivée dans la région depuis Hélioclès I et le retrait de Bactriane. Il meurt en 95 av n.è au plus tôt. Son successeur à Taxila, Mauès, est d’ailleurs un Saka, mais il ne régna ni sur les Paropamisades, ni sur l’Arachosie. A partir de ce moment là, les territoires afghans encore contrôlés par les grecs se retrouvent définitivement séparés de ceux du Pendjab.

 

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19 juillet 2012 4 19 /07 /juillet /2012 11:00

Cet assassinat provoque de nouvelles révoltes de la part de gréco-bactriens, en particulier Zoïlos I, qui refuse de le reconnaître et qui contrôle l’Arachosie, les Paropamisades et le Gandhara mais lutte encore contre Ménandre qui meurt à la bataille vers -130.

En Bactriane, Platon mène la révolte d’une grande partie de l’armée, n’ayant sans doute pas confiance en ce roi qui se révélait incapable de résister à Mithridate I, roi des Parthes. Hélioclès Ier parvient à éliminer Platon  vers -138 mais celui-ci est remplacé immédiatement par Diomède.

Hélioclès I, associé au pouvoir depuis -165, doit alors faire face durant son règne personnel (vers -140, vers -129) à une situation très compliquée. Il doit à la fois affronter les Grecs révoltés, les Parthes, qui s’emparent de façon certaine de l’Arie, poussant ainsi les Grecs à abandonner la Margiane devenue indéfendable ; les Sakas venant du Nord et occupant la Sogdiane occidentale et les Yuezhis, qui ravagent de nouveau Aï Khanoum moins de dix ans après leur première attaque. Il a pu tenter de d’acheter la paix avec ses voisins, en particulier les Yuezhis, en émettant de nombreuses monnaies. Hélioclès I est probablement le dernier roi à contrôler une partie de la Bactriane, puisque Bactres semble tomber sous le contrôle les Yuezhis vers -129. Les Grecs se replient alors en grand nombre au Sud de l’Hindou Kouch transformant ainsi d’une certaine manière le conflit entre Eucratide et Ménandre en conflit entre les Grecs bactriens, très conservateurs et les  gréco-indiens plus ouverts aux autres cultures.

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18 juillet 2012 3 18 /07 /juillet /2012 11:00

Les Parthes profitent de l’occasion pour attaquer la Bactriane laissée à la gestion de deux jeunes rois sans grandes troupes et conquièrent des territoires limitrophes à leur royaume, sans doute dégarni de troupes, car Démétrios II avait du en faire venir une partie dans sa lutte contre Eucratide et celles qui restaient devaient être utilisées à détruire les derniers partisans de Démétrios II. Il s’agit probablement de l’Arie, et de la Drangiane ou de la Margiane. Ces guerres furent cependant longues et épuisantes selon Justin ce qui laisse penser qu’elles n’étaient pas finies à la mort d’Eucratide.

Dans le même temps les Yuezhi, peuple nomade arrivant de l’Ouest de la Chine, envahissent la Sogdiane et ravagent la Bactriane orientale, détruisant notamment Aï Khanoum vers -140.

De même il semble que les Grecs ne soient pas restés très longtemps en Sogdiane car on a retrouvé à Maracanda les restes d’un mur de fortification inachevé mais sans trace de combats. L’hypothèse expliquant cette trouvaille serait que les Grecs laissés en garnison dans cette ville l’ont évacuée sous la menace des Sakas qui s’y installèrent ensuite.

Eucratide rentre alors en Bactriane dans le but de rétablir la situation (son retour date peut-être de l’annonce de la destruction d’Aï Khanoum, dont il avait fait une de ses capitales), après avoir nommé Zoïlos Ier, probablement un Euthydémide, en lieu et place d’Antimaque II, pour continuer la guerre contre Ménandre. Mais à peine rentré en Bactriane, Eucratide est assassiné par un de ses fils, probablement Hélioclès I vers -139 qui fait rouler son char dans le sang de son père et lui refuse toute sépulture.

 

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17 juillet 2012 2 17 /07 /juillet /2012 10:58

Eucratide a probablement été coopté vers -171[1] par Démétrios II pour diriger le Sud-est de la Sogdiane avec pour mission de reconquérir ce territoire. Il se peut que cela soit dans le but de l’écarter en raison de la puissance de son parti à Bactres. En effet, il est de sang royal, sa mère Laodice étant peut-être une séleucide, peut-être la femme de Démétrios remariée à la mort de son mari, à un grand aristocrate Gréco-Bactrien du nom d’Hélioclès. Cette nomination aurait été faite dans le but de le déconsidérer car la reconquête de la Sogdiane était tentée en vain depuis des années. Pourtant, depuis sa base probable d’Aï Khanoum[2], à la tête d’une grande armée, il s’en empare très vite, probablement en trois ou quatre années, conquérant tout le sud du Zeravchan au minimum. On peut imaginer que les Sogdiens avaient déjà été affaiblis par des guerres contres les nomades venus du Nord ou de l’Est ou qu’ils en avaient peur et préféraient passer sous la domination grecque.

Il rétablit une monnaie d’or puis  entre en révolte contre Démétrios II qu’il chasse du pouvoir au plus tard en -165 après une dure guerre civile. Selon les historiens antiques ses troupes étaient inférieures en nombre à celles de Démétrios II, et il fut à un moment en situation très difficile avant de vaincre définitivement son souverain après probablement plusieurs années de guerre civile.

Il se proclame alors Grand Roi (Mégas), reprenant ainsi le titre des rois achéménides, d’Alexandre et d’Antiochos III (qui était peut être son grand-père maternel) et choisit peut-être comme capitale Aï Khanoum (peut-être appelée Alexandrie et probablement rebaptisée Eucratidia, on a retrouvé de nombreuses traces dans cette ville allant en ce sens). Il doit également affronter la révolte de l’Arie, soutenue par les Parthes[3] et, laissant à ses deux fils la gestion de la Bactriane, se porte avec ses troupes vers l’Inde avant que Ménandre n’ait le temps de revenir avec ses troupes de son expédition dans la vallée du Gange. Antimaque II se rallie à Eucratide, n’ayant sans doute pas les moyens militaires de résister à son attaque et gardant ainsi le contrôle de ses territoires jusque vers -150. Cependant Ménandre refuse de se soumettre et, de retour de la vallée du Gange avec ses troupes, vers -164 ou -163, il affronte les armées d’Eucratide dans une grande bataille sans grand vainqueur, les armées étant toutes les deux très durement touchées mais celle d’Eucratide reste maitre du terrain. Eucratide parvient ainsi à s’emparer de la vallée de l’Indus et d’une partie du Pendjab, dont la capitale du royaume indo-grec, Taxila.

Il y avait déjà eu des affrontements entre gréco-bactriens et grecs séleucides, et des changements violents de dynastie mais cette fois-ci, pour la première fois officiellement, deux rois gréco-bactriens s’affrontent à l’aide de leurs armées. Ce royaume, qui était alors à son apogée, contrôlant des territoires allant du Nord de la Sogdiane jusqu’à la vallée du Gange, possédant d’immenses armées de soldats aguerris, commençait à s’effondrer du fait même de sa taille, de son organisation politique et de l’ambition de ses chefs. La partition du royaume fut irréversible.



[1] Cela correspond aussi à l’avènement du roi parthe Mithridate I.

[2] On sait qu’Eucratide rebaptisa une ville grecque sous le nom d’Eucratidia mais on ignore s’il s’agit bien d’Aï Khanoum, ou de Dilbergine Tepe, voire d’une autre ville encore inconnue aujourd’hui. Les deux villes citées ont des arguments en leur faveur comme on le verra plus tard.

[3] Dont le roi Mithridate I a aussi pris le titre de Mégas, mais il est impossible de dire qui l’a fait le premier. Si c’est Eucratide qui a imité le Parthe cela pourrait être pour se prémunir de prétentions de Mithridate sur la Bactriane en tant que successeur des grands rois hellenistiques.

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16 juillet 2012 1 16 /07 /juillet /2012 10:57

Apollodote I et Antimaque I sont morts durant la même décennie, entre -180 et – 170. A la mort d’Apollodote I vers – 178, Antimaque II (sans doute son lieutenant), le fils d’Antimaque I, lui succède[1]. Aux environs de -173, Antimaque I est remplacé par Démétrios II[2] qui laisse Antimaque II gouverner les territoires indiens. Cela laisse apparaître une entente entre trois grandes familles pour le partage du pouvoir comme une forme d’oligarchie.

Démétrios II

Démétrios II semble renouer avec une politique de conquête en nommant deux rois associés de plus, Eucratide à partir de -171, chargé de reconquérir la Sogdiane et Ménandre (né à Alexandrie du Caucase, peut être un fils d’Apollodote I) à une date inconnue, mais sans doute proche de celle d’Eucratide, chargé de conquérir la vallée du Gange en tant que roi associé à Antimaque II ou pour les territoires à conquérir.

Selon l’historien romain Justin, à la fin du règne de Démétrios II les gréco-bactriens sont en guerre contre les Sogdiens, les Indiens mais aussi les Arachosiens, les Drangiens et les Ariens. Pour ces trois derniers peuples, on doit donc penser à des révoltes puisque leurs provinces appartenaient au royaume grec. Toutes ces nouvelles guerres expliquent probablement les problèmes financiers de la royauté remarqués dans le monnayage.



[1] Son frère ainé, Eumène semble être mort entre temps car on ne connaît de monnaie à son nom qu’associé à son frère à l’époque où il était roi de Bactriane associé à son père et à son frère.

[2] Probablement le petit fils d’Euthymène par un enfant inconnu ou un fils cadet de Démétrios I si l’on en croit son nom et en se fiant à la chronologie mais son monnayage le rapproche d’Appolodote, auquel il pouvait être lié par une union matrimoniale.

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15 juillet 2012 7 15 /07 /juillet /2012 10:56

Antimaque I, le successeur d’Agathocle, et sans doute un ancien général des armées bactriennes, change totalement de politique. Dès son avènement, il montre son hellénisme, en adoptant par exemple la coiffure traditionnelle macédonienne pour ses monnaies. Il prend pour épiclèse Théos, ce qui signifie qu’il est divinisé mais sans que cela entraine les pratiques cérémoniales achéménides, détestées par les Grecs. Même si l’on n’en a aucune preuve, il est possible qu’il ait du s’emparer de Taxila si l’on regarde l’ensemble de sa politique, ouvertement hostile aux Grecs et il est possible qu’il soit le fondateur de Sirkap, la ville grecque juste à proximité de Taxila, qui petit à petit éclipsa l’ancien site.

Il organise un partage du territoire immense du royaume gréco-bactrien. Il garde la Bactriane, et associe ses deux fils Eumène et Antimaque II à son gouvernement. Dans le même temps il coopte Apollodote I (qui porte lui aussi la coiffe macédonienne) pour gouverner les territoires indiens depuis Taxila, c'est-à-dire les territoires du sud de l’Hindou Kouch. Cet avènement refonde complètement le royaume gréco-bactrien, et est probablement choisi comme départ d’une nouvelle ère par les Bactriens. Cela correspond à une réorganisation politique, économique et religieuse du pays.

On note ainsi qu’Apollodote I mit fin à la monnaie de cupro-nickel[1] qui était apparue en raison du manque d’argent dans le royaume  grâce à de nouvelles sources de revenus apparues lors de la guerre civile contre Agathocle, les cités et peuples étant ponctionnées de tributs élevés, en particulier les villes commerçantes indiennes. Ces monnaies éliminent rapidement les monnaies locales et ne portent aucune représentation de dieu indien Mais il prend comme dieu Poséidon, dont le trident est assimilable à celui de Shiva, dieu indien, introduisant ainsi une forme de syncrétisme.

Sur le plan territorial le règne d’Antimaque I qui dure jusque vers -173 semble marquer la fin de l’expansion en Inde où le Pendjab avait été conquis. La nouvelle organisation de l’empire donne également  un nouveau rôle à Alexandrie du Caucase/Kapisi, entre les deux capitales de Taxila et Bactres, devenant même probablement la capitale d’été des souverains de Taxila.



[1] Un métal formé de cuivre et de nickel, que l’on connait à Taxila depuis longtemps et qui est peut-être le métal offert par les Indiens à Alexandre le Grand.

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  • Amalkhan
  • Professeur d'histoire géographie passioné par l'Afghanistan et amoureux des lettres.
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