Voici un bien bel ouvrage signé d'un grand nom de l'Histoire médiévale. Je suis loin d'être un spécialiste de la question mais le sujet abordé m'avait toujours intéréssé. Je trouvais étrange les abysses culturelles dont nous parlaient certains à propos de cette période, tout comme je trouvais étrange cette peur de l'an mille dont quelques auteurs parlaient.
J'ai donc appris de bien belle chose sur ce tournant de siècle entre neuvième où les caroligiens s'éffondrent et dixième, si longtemps voué aux âges sombres de l'Histoire. J'ai appris l'existence de personnes très cultivées, à de très hauts postes (Empereur du Saint Empire, Pape, Ducs et comtes, évêques et abbés...). et en particulier j'ai admiré le fait que l'Eglise de l'époque n'était pas encore devenue totalement l'organisation onscurantiste qu'elle fut plus tard (voir Le nom de la Rose);
Même si le propos est centré sur le Saint Empire l'auteur de néglige pas de faire référence aux autres Etats pour montrer que le coeur du royaume caroligien n'était pas une exception, on voit de nombreuses choses en Italie bien sûr, mais aussi en Catalogne pourtant ravagée par les arabes ou en Angleterre envahie par les danois et les vikings.
Enfin j'ai apprécié le développement sur les rôles respectifs des papes et de l'Empereur dans l'organisation politique et religieuses de l'Occident, dans son affirmation et dans son extension vers l'Est (Pologne, Hongrie...) avant que les chevaliers teutoniques ne soient créés.
Mon seul regret, mais cela doit tenir au fait que le propos m'a intéréssé, est que ce livre reste très général et ne developpe que peu les exemples (mais il donne bien évidemment les sources). Il m'a vraiment donné envie de me pencher plus sur le sujet pour mieux comprendre cette période charnière.
C'est donc un ouvrage très interessant, conçu pour mettre fin à cette légende des âges sombres du Moyen Age, que tous ceux qui aiment un peu l'histoire devraient lire pour se rendre compte qu'aucune période ne mérite l'opprobe ou la caricature.